Comment savoir si mon enfant a besoin de consultations psychologiques ?
Il est plus difficile de savoir détecter le malaise chez un enfant, puisque l’enfant n’utilise pas le même langage. Il ne va pas évidement dire : « Maman j’aurais besoin d’aller voir un psy ». Chez les petits jusqu’à 7-8 ans souvent un mal être ou l’expression d’un trauma non résolu se manifeste par un changement de comportement ou de niveau d’énergie (hyperactivité ou totale apathie). On peut souvent noter l’apparition de symptômes (cauchemar à répétition, énurésie (pipi au lit), présence de comportement régressifs, comportement agressifs ou morbides, l’enfant peut aussi pleurer, il n’est pas rare de noter que les problèmes surgissent aussi dans d’autres contexte, l’enfant ne suit pas à l’école, se bagarre… La dépression peut prendre chez l’enfant de multiples formes. En règles générales, on soulignera que l’enfant qui a besoin de traitement ne peut fonctionner selon ses capacités régulières. Souvent avec les enfants le traitement est plus court qu’avec les adultes. L’engagement du parent et idéalement des deux parents est un facteur essentiel de réussite.
Comment je travaille avec les enfants ?
Le langage de l’enfant est plus diversifié que l’adulte. L’enfant ne sait pas forcément mettre des mots sur sa douleur, ni la reconnaître. Pour s’exprimer l’enfant utilise sans cesse des espaces projectifs, le jeux, le dessin, la terre glaise, sont pour l’enfant des moyens naturel de s’exprimer. J’utilise de multiples canaux d’expression dans mon travail avec l’enfant pour permettre à l’enfant de se mettre à l’aise et de parler dans un langage qui lui est connu. Par exemple la technique du bac à sable permet à l’enfant de créer et de se raconter des histoires dans un simple bac à sable avec des figurines. Cette technique a fait ses preuves pour le traitement de nombreux troubles. J’utilise aussi des marionnettes, et certaines techniques de dessins ainsi que l’utilisation de contes ou métaphores thérapeutiques. Un élément essentiel de succès thérapeutique et que l’enfant vienne avec plaisir aux consultations. La thérapie doit être un moment important dans la vie de l’enfant. Souvent les enfants me disent, « c’est la fin mais on vient juste de commencer, quand est-ce que je peux revenir ? ». Dans ces cas, le temps comme dans l’espace de jeu, subit une distorsion, comme si vous regardiez un film extraordinaire. C’est là où on l’on assiste à des progrès rapides et parfois dramatiques.
Il est souvent difficile pour les parents de venir consulter pour leurs enfants, secrètement ou de manière avouée les parents se sentent avoir échoués, ne pas avoir fait assez. Ils ont souvent terriblement peur d’être blâmés, jugés par l’expert même de façon implicite. Je considère les parents comme bien plus que des alliés. Je ne suis qu’un visiteur dans une famille le temps d’une pause. C’est eux qui font le 1000 pourcent du travail (si je puis m’exprimer ainsi). J’ai aussi, pour être mère, un profond respect pour le rôle d’un parents. Je sais apprécier les pressions invraisemblables q’une société exigeante et en constante mouvance exerce sur les parents.
Pour avoir travaillé plus de six ans dans une des banlieues les plus défavorisées de Los Angeles, J’ai côtoyé des enfants ayant subit des poly traumatismes aussi brutaux qu’inhumains, des enfants qui à l’âge de 8 ou 9 ans avaient déjà eu plusieurs familles d’accueil. J’ai assisté avec émerveillement à la force que peut avoir un enfant et son pouvoir de résilience. J’ai un souvenir magnifique, riche et porteur d’espoir de ce travail. Mon travail avec la population adolescente, gangs, toxicomanie, me rappelle que le travail thérapeutique même dans des contextes éminemment pauvres et difficiles peut être porteur de sens et d’espoir.