Le terme de réflexivité semble couvrir l’ensemble des pratiques psychothérapeutiques et présupposés auxquels j’adhère et que j’enseigne. La réflexivité dans ma pratique professionnelle est un guide de lecture, d’enseignement, mais surtout un guide de ma pratique psychothérapeutique pour la rendre efficace, importante et génératrice de possibilités.

Qu’est-ce que la réflexivité ?

C’est la capacité que seul possède l’humain à se regarder fonctionner, se regarder aussi former (ou déformer) des relations et en même temps avoir la capacité de penser à son fonctionnement. Tout cela peut donner mal à la tête, mais n’en demeure que comprendre et pratiquer la réflexivité dans son quotidien est fondamental. A tout moment, dans toute professions, nous ferions bien d’utiliser plus fréquemment notre capacité à être réflexifs dans nos relations. Au cœur de la réflexivité, réside la capacité et la volonté de savoir se mettre « dans la peau » ou « dans les souliers » de l’autre, tout en restant soi-même. Ce que l’étymologie latine appelait si justement empathie (souffrir, ressentir avec). La position réflexive est de nature profondément socratique. Suivant le proverbe si bien connu du maître grecque « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien. », Socrate démontre la puissance d’une question qui ne souffre pas de savoir déjà les réponses, qui ne s’engourdit pas de présupposés, qui sait rester curieux et donc ouvrir des possibilités. Ce mouvement peut sembler simple alors que dans la pratique il est souvent d’une extrême complexité. La réflexivité est plus qu’une intervention, c’est une posture guidée par une intention de saisir, comprendre l’autre dans son contexte, sa singularité.

La réflexivité est importante aussi parce que sa pratique nous permet de nous rappeler que nos perceptions, nos vérités ne sont pas forcément celles partagées par le reste du monde. La réflexivité nous invite ainsi à penser en termes de décentration (Piaget 1950, 1956, 1970, 1974) par rapport au monde et de prendre conscience que nous ne pouvons jamais être trop sûrs de nos théories, qu’elles doivent rester ouverte, en mouvement, en questionnement.

La réflexivité est la capacité de chaque système humain à se retourner sur lui-même, à devenir son propre objet de pensée en faisant référence à lui-même. C’est le fait de se rendre objet de sa propre observation. La réflexivité invite le changement, prévient le dogme, l’objectivation de l’autre, l’imbécillité et au pire l’incompétence.

Par des conversations réflexives, la personne utilise ses discours comme objet de sa propre observation. La réflexivité permet ainsi une modification des discours et de points de vue. Ce faisant, nous devenons capables de « prendre du recul » par rapport à notre propre discours, de sortir du discours dans lequel on était engagé et de le regarder avec une autre perspective (lentille). Si vous souhaitez en savoir plus sur la réflexivité vous pouvez lire en français mon article sous publications: Comment inviter la réflexivité en thérapie : la pensée pratique du psychothérapeute.